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Je note pour mémoire un volume qui parut en Angleterre, vers la même époque que le pamphlet de Findel en Allemagne.

Ce volume ne me paraît pas, jusqu’à présent, appartenir à l’ensemble de la suprême manœuvre. Il a tout l’air d’un acte particulier, ordonné par les hauts-chefs de la Rose-Croix socinienne du Royaume Britannique. Dans le n° 8 de mes Mémoires, j’ai inséré quelques révélations sur les principaux supérieurs Rosicrucians d’Angleterre et d’Écosse, dont l’occulte rite en neuf degrés pratique le luciférianisme. Cette importante branche de la Haute-Maçonnerie britannique a vu là une déclaration de guerre directe contre elle, et elle a chargé un de ses membres de produire une négation publique. Le livre, pour innocenter les Robert Brown et consorts, enregistre leurs affirmations d’innocence, n’oppose aucune preuve contraire à mes révélations, et échafaude le roman qui, depuis le Congrès de Trente, a été mis à la mode et forme le thème favori de la polémique des journaux hostiles.

Oui, voilà à quelle source s’alimente la frénétique campagne de mes adversaires ; le F ▽ Findel et le F ▽ Arthur-Edward Waite, sont devenus des oracles.

Les Rosicrucians que j’ai nommés et sur lesquels j’ai donné des indications précises, sont-ils vraiment adeptes et chefs de ce rite d’occultisme ? Oui, ils l’avouent cela, ils ne le peuvent nier. Se faisaient-ils connaître du public comme tels ? Non ; ils cachaient, au contraire, à leurs compatriotes leur qualité de rosicrucians sociniens. Je les ai donc démasqués ; voilà un premier point acquis ; avec la clarté du plein soleil, il ressort du livre même de M. Waite. Ce qu’ils nient, ce sont les œuvres magiques dont j’ai accusé la Rose-Croix d’Angleterre et d’Écosse, dans ses hauts grades.

Eh bien, si j’ai dit le contraire de la vérité, pourquoi continuez-vous à couvrir de mystère vos rituels d’initiation ?

Les publier dans votre livre, voilà ce qu’il fallait faire, monsieur Waite, au lieu de divaguer autour de deux ou trois incorrections de style, commises par le F ▽ Palacios ; car vous savez bien que la voûte anglaise, destinée à une communication internationale, dont vous critiquez quelques mots, a été rédigée par ce haut-maçon mexicain. L’auteur du document a été révélé au public, en même temps que son texte[1]. Et vous-même, ne recevez-vous pas tous les jours des lettres qui sont loin d’être impeccables de style, et cela fait-il qu’elles n’aient pas été vraiment écrites ? Les planches qui sont publiées

  1. Voir le volume Adriano Lemmi, chef suprême des francs-maçons, page 319, dernière ligne. Je n’étais pas à Londres, quand Palacios y rédigea la voûte, d’accord avec Graveson et avec moi sur tout ce qu’il fallait dire : il était autorisé à faire imprimer nos deux signatures auprès de la sienne, sur le document lithographié qu’il expédia le 15 décembre 1893 à tous les Triangles. Et voici la preuve encore que je ne fus pas la rédactrice de la voûte : tandis que Graveson partit d’Angleterre le 9 pour se rendre en Italie où il réussit assez bien dans sa mission, moi, je quittai Londres le 10 pour venir à Paris, espérant soulever les hauts-maçons français contre Lemmi ; je m’arrêtai deux ou trois jours, je ne me rappelle plus au juste, dans une famille amie, demeurant aux environs de Paris ; mais je suis certaine que, le 15, jour de l’expédition de la voûte, de Londres, j’étais à Paris, puisque ce jour-là, je reçus délégué du Suprême Conseil de France à l’hôtel Mirabeau, où j’étais descendue depuis la veille ou l’avant-veille, je crois. À mon retour à Londres, je contresignai le document original, destiné à demeurer aux archives de la Mère-Loge le Lotus d’Angleterre.