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Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/389

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parfois dans les organes officiels maçonniques des divers pays ont-elles toujours toute la pureté de la langue nationale ? et, si deux ou trois incorrections s’y trouvent, sont-elles transformées pour cela en documents apocryphes ? L’authenticité de ces planches incorrectes est établie par leur insertion dans les organes officiels de la secte ; l’authenticité de la voûte rédigée par le F ▽ Palacios, que j’ai contresignée, est établie par le mouvement historique de révolte contre Lemmi, mouvement qui a suivi l’envoi de la voûte et que vous ne pouvez nier. Cette voûte a bien existé, puisque des hauts-maçons y ont adhéré et que d’autres l’ont rejetée. C’est officiel, cela, monsieur Waite.

Tout le roman, inséré dans le volume anglais des Rosicrucians, est une diversion qui ne saurait tromper les gens de bonne foi.

On m’accorde que mes révélations sur la qualité des personnes et sur les locaux des temples secrets sont exactes ; cela me suffit largement.

On repousse l’accusation d’œuvres magiques. Ah ! çà, mais qui êtes-vous donc vous-même, cher monsieur Waite ? — Si les renseignements qui m’ont été communiqués sont vrais, vous êtes né catholique, et vous avez apostasié pour passer au protestantisme. Ce n’est pas tout : votre protestantisme s’accommode fort bien de la pratique la plus assidue des sciences occultes. C’est ici que je vous prends la main dans le sac, trop malin Arthur-Edward. Vous êtes un des disciples d’Éliphas Lévi, l’ex-abbé Constant, le prêtre catholique qui apostasia pour devenir l’un des Mages de la sorcellerie moderne. Oserez-vous nier cela, monsieur Waite ? Non, vous ne le pouvez pas ; car un livre a été imprimé, un livre existe, qui est le Dogme et rituel de la Haute Magie, traduit d’Éliphas Lévi par un certain Arthur-Edward Waite, à l’usage des Anglais qui désirent se préparer aux grandes lumières de la Rose-Croix luciférienne ; et ce certain Arthur-Edward Waite, ce n’est pas un homonyme, c’est vous !

N’essayez pas d’épiloguer. Ne venez pas nous raconter maintenant que votre Lucifer, à vous, est une « entité astrale », que votre Lucifer théosophique est « le Manasaputra », c’est-à-dire « l’ange planétaire, le bon ange qui est venu informer l’homme et le faire tendre à la fusion divine, d’où dérive le salut ». Cette mirifique explication est celle qui est imprimée dans une des plus importantes revues de l’occultisme anglais, le Lucifer ; cette mauvaise plaisanterie a pour but de justifier le titre de la feuille satanique aux yeux des pauvres fous que l’on égare et qu’il s’agit d’entraîner graduellement aux dernières œuvres de la magie.

J’ai eu la folie de croire que Lucifer était le Dieu-Bon et que le vrai Satan était Adonaï, la divinité adorée par les catholiques. Vous, monsieur Waite, vous n’avez pas mon excuse, puisque vous avez reçu une éducation chrétienne ; vous n’ignorez pas, vous ne pouvez pas ignorer que votre Lucifer ne fait qu’un avec Satan, prince des ténèbres, toujours vaincu par le glorieux archange Saint Michel.

Vous montrez le bout de votre oreille d’occultiste, — je devrais dire le bout de votre corne de diabolisant, — quand vous faites remarquer que la fameuse voûte doctrinaire d’Albert Pike est fortement teinte des théories d’Éliphas Lévi. Je crois bien ! Albert Pike était un grand admirateur de votre maître en sciences occultes. Vous dites ces théories défigurées ; vous auriez