Page:Taxil, Mémoires d'une ex-palladiste parfaite, initiée, indépendante.djvu/5

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Palladium se sera faite par la démission dont nous venons de parler plus haut, et à laquelle nous travaillons par des moyens plus sûrs que les vôtres, vous comprendrez que nous avons eu uniquement en vue de vous protéger contre vous-même, c’est-à-dire contre les erreurs de votre fougue, ne supportant aucun frein.

« Nous espérons, cependant, que vous voudrez bien méditer cette voûte, qui, vous le savez, vous est adressée par vos meilleurs amis Nous désirons de tout notre cœur que vous prêtiez enfin l’oreille à la voix de la raison.

« Cette voûte devra être tenue secrète par vous, nous l’exigeons absolument. Vous ferez simplement une circulaire à vos abonnés par laquelle vous leur annoncerez, sans commentaires, que, par ordre du Comité Fédéral, la publication de la revue le Palladium Régénéré et Libre ne se poursuit pas, l’expérience de la propagande publique ayant été jugée suffisante. Le Comité prendra ses mesures, d’autre part, pour imprimer un organe-lien qui sera distribué aux Triangles seuls et aux Groupes Familiaux donnant des preuves de bon fonctionnement.

« Que le G▽ A▽ d▽ l’U▽, notre Dieu, vous soit en aide »

(Suivent les signatures).


Délicieuse plaisanterie, celle de la fin de la voûte : nous vous désavouons devant les Triangles, mais nous vous défendons de le dire au public !…

Et pourquoi cela donc ?… Il ne me gêne pas du tout, moi, votre blâme. À dire vrai, il m’a fort surprise ; mais vous savez, chers amis, que j’ai la résolution prompte, et, ma foi, sitôt remise du coup de stupéfaction, — vous l’avouerai-je ? — j’ai eu un des plus beaux éclats de rire de mon existence. Or, les meilleures décisions sont celles que l’on prend en état de douce gaîté et l’esprit libre de tout souci.

Vous m’avez fait savoir vos volontés ; grand merci. Maintenant, apprenez les miennes.

Je me garderai bien de faire détruire par mon éditeur les exemplaires qui lui restent des numéros 2 et 3 du Palladium Régénéré et Libre ; ils sont la preuve de votre exquise intolérance. Je les donne donc à mon éditeur, et je lui souhaite de remettre ces deux numéros souvent sous presse, afin que soient nombreuses le plus possible les personnes qui voudront bien constater que le fait d’avoir des opinions religieuses tout à l’opposé de celles des catholiques romains ne me rendait pas, moi, menteuse, malhonnête, ni trouvant insupportables les convictions contraires aux miennes.

Ma démission de déléguée à la propagande ?… Je ne vous la remets pas. Je vous envoie mieux : ma démission de tout, de tout, de tout.