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RACONTEZ DONC L’HISTOIRE. — « Attendons le 19 avril, écrit M. Gaston Méry, dans la Libre Parole. Quelque chose me dit que, d’ici là, un événement surgira qui fera tomber dans l’eau le projet de la conférence et des fameuses tournées.

« Tout de même, si ce pressentiment me trompait, j’en serais heureux ; car cela me donnerait l’occasion de comparer la conférencière au portrait d’elle qu’elle a inséré dans le troisième fascicule de ses Mémoires, daté de septembre 1895.

« Et si, d’aventure, ce portrait ressemblait à l’original, j’aurais probablement une jolie histoire à raconter. »

Un point ; c’est tout.

Les Veuillot et les Roussel se frottent joyeusement les mains. « Attendons l’histoire de M. Gaston Méry », répètent-ils.

Sont-ils assez gentils pour moi, ces aimables messieurs !

Mais pourquoi ne pas la raconter tout de suite, cette jolie histoire ?… Ce Gaston Méry est bien amusant, mais peu logique en voulant être trop malin. C’est lui qui a découvert que la mystification Diana Vaughan est ni plus ni moins un complot maçonnique. Selon lui, Léo Taxil, plus franc-maçon que jamais, est l’instrument de la secte. Comme trouvaille, ceci n’était déjà pas mal. L’histoire à raconter est mieux encore !

Car, enfin, cher monsieur, si je ne dois pas ressembler au portrait que j’ai publié de moi, ce n’est vraiment pas la peine que je paraisse. Le fait de la ressemblance est la première condition indispensable de ma manifestation publique. Or, il résulte de vos mirifiques lignes que vous connaissez une dame ou demoiselle ressemblant au portrait de la 3e livraison des Mémoires d’une Ex-Palladiste et que vous savez sur son compte ce que le grand architecte den l’Univers appellerait « une amusante historiette ».

Allons, Gaston de mon cœur, ne vous faites pas prier ; racontez l’histoire, sans attendre le 19 avril. Je vous assure que, quant à moi, l’indiscrétion que vous préméditez ne me gêne pas. Voyons, je vous en prie ! faut-il me mettre à vos genoux pour avoir l’anecdote ?… Gaston ! Gaston ! tous racontez si bien ! Dites tout !…

D. V.




Je reçois, trop tard pour l’insérer, une audacieuse et assez longue lettre de Mme  Philipps, de Chicago. Elle a l’aplomb de se dire « Diana Vaughan, née Philipps » ; elle se prétend seule maçonne américaine du nom de Diana Vaughan ; elle m’annonce sa prochaine arrivée à Paris et me défie ! Je lui envoie, sur sa demande, deux cartes d’entrée à une adresse qu’elle m’indique et où elle les prendra, dit-elle, dès son arrivée. Je prie mes amis de n’avoir aucun trouble de cette manœuvre de la dernière heure. La lettre de Mme  Philipps sera publiée dans mon fascicule du 15 avril, avec mes explications.