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MÉMOIRES d’une EX-PALLADISTE

chapitre v

Conflits, propagande et crise finale

(Suite.)




Rien de surnaturel ne se produisit donc dans le vote unanime qui rejeta les conclusions du Triangle parisien Saint-Jacques ; et pourtant une légende a été propagée, dont le docteur Bataille se fit le public écho.

On a raconté que la prétendue queue du lion de saint Marc, — ce talisman qu’Asmodée avait apporté aux Onze-Sept le 29 février 1884 (voir pages 276 et suivantes), — s’agita dans son écrin avec fracas ; que, le coffret ayant été ouvert, elle se projeta dans l’espace ; et que, légère comme un fouet, elle cingla vigoureusement les quelques Mages Élus qui s’étaient montrés disposés à voter ma radiation. « Il n’y avait pas à en douter, a écrit Bataille ; le talisman prenait parti pour Diana. En présence d’une telle manifestation, personne n’osa voter l’expulsion de la Sœur indépendante. Elle fut maintenue adepte. »

Ce racontar est une fable, aussi bien que l’anecdote de la tête du président des Saint-Jacques retournée à l’envers.

Je vais remettre les choses au point. Il y eut un fait surnaturel, mais après le vote.

Le vote fut suivi d’une suspension de séance ; en termes maçonniques, l’Atelier fut mis en récréation. On causait donc entre Frères. On demanda à R. T. pourquoi il n’avait pas voté conformément à son discours.

— Je ne saurais, répondit-il, m’expliquer ce qui m’est arrivé. J’ai bien essayé de lever la main pour la radiation ; mais je n’ai pu y parvenir. Mon bras avait pris un poids tel, qu’il m’a été impossible de le soulever.

Cette explication ayant été répétée, les partisans du F▽ R. T. dirent de même. Alors, rire général.

Que faut-il penser de cela ?… Les adversaires du grand-maître, qui avaient, un moment, projeté de le contraindre à démissionner, en le battant sur mon dos, et dont mon énergique intervention avait déjoué le petit complot, n’ont-ils pas voulu, par amour-propre, avouer qu’une femme leur