dans l’hostie exposée à l’adoration des fidèles, mais seulement là. Puis, cet autre raisonnement, également faux : Jésus, par le pain consacré, pénètre dans le corps du bon communiant, qu’il comble de ses grâces, et hélas ! aussi dans le corps du mauvais communiant, où il souffre de l’indignité de ce temple, sauf à punir le sacrilège ; mais il quitte l’hostie que les sectaires poignardent et ne leur laisse que le pain.
Cependant, j’en vins ensuite à la croyance à la transsubstantiation, mais avec une opinion encore confuse. Oui, me disais-je, la substance du pain disparaît sous l’effet des paroles sacramentelles prononcées par le prêtre, et elle est changée en corps et en sang de Jésus-Christ, avec son âme et sa divinité ; du pain, il ne reste que les apparences, c’est-à-dire la forme, la couleur et le goût. Mais alors j’étais épouvantée en pensant aux profanations de Dorothea S****, et je rejetais et adoptais tour à tour le dogme de la transsubstantiation.
Un pas décisif vers la vérité : je sus que le sacrement subsiste, tant que les espèces ou apparences du pain demeurent dans leur intégrité, c’est-à-dire en état de chose saine et sans altération. Mais je tremblais encore, j’étais affolée de douleur. Oh ! quels tourments je dois à Satan, qui inspire tous ces crimes !…
Enfin, la vérité me paraît être dans l’explication que j’eus en songe : — C’est pour les hommes que Notre-Seigneur Jésus-Christ a institué le sacrement de l’Eucharistie.
Qu’un misérable jette en un égout l’hostie sainte : Dieu subit l’odieux outrage : mais, les espèces du pain perdant bientôt leur intégrité, s’altérant, le sacrement cesse aussitôt de subsister. Il doit donc en être de même, dans le cas des profanations de la grande-maîtresse de Berlin. La gueule du chien est comme la bouche de l’égout ; l’outrage est subi sans durée ; l’Eucharistie a été instituée pour les hommes, non pour les animaux.
Cette pensée me consola, et dès lors je fus heureuse.
Le mercredi matin, 21 août, le bon aumônier était avisé. Avec quelle joie il lut la profession de foi que j’avais rédigée et signée dès mon lever !… Cette profession de foi n’entrait pas dans le détail de mes doutes passés ; je rejetai en bloc toutes les opinions quelconques, contraires aux enseignement de l’Église, dont je me déclarai la fille à jamais aimante et obéissante, m’obligeant d’avance à rétracter n’importe quels écrits ou paroles qui pourraient être jugés par le Saint-Siège entachés d’erreur, et reconnaissant l’infaillibilité du Pape, inspiré par l’Esprit-Saint en sa qualité de vicaire de N.-S. Jésus Christ.
Les jours précédents, nous avions eu, M. l’aumônier et moi, bon nombre de conversations ; il pourrait donc parler de moi au chef du