chapitre ii
Je crois !
Il fut vraiment le grand jour, ce samedi 24 août, grand jour et le plus beau de ma vie par mon union avec Dieu, avec Jésus.
Autour de moi, il y avait bonheur indicible ; mais tout ce bonheur d’autres ensemble pouvait-il égaler le mien ?…
Enfin !… Ô mon Dieu, je vous possède, et vous m’avez toute, toute !… Quel transport de l’âme ! quelle suave béatitude !… Ô Jésus, gardez-moi ; votre amour est trop bon pour y mêler quelque autre sentiment humain… Oh ! L’Eucharistie, voilà le vrai divin !…… L’Eucharistie, c’est le Ciel dans le cœur de la créature !… Mais ici, gardons mes impressions ; il suffit que les âmes fidèles les devinent ; ne profanons pas par la plume les mystères de la suprême jouissance d’une Première Communion.
En cette même manière, le pèlerinage national revenait de Lourdes, arrivait à Paris. On avait bien prié pour moi, à la sainte grotte des Pyrénées, et la divine Mère m’avait obtenu la plus grande des grâces. Gloire à Marie ! merci à tous ceux qui ont prié.
J’ai su, depuis lors, que le miracle de ma plénitude de foi n’avait pas été la seule merveille de ces heureux jours.
Parmi les pèlerins pauvres qui furent envoyés pour prier tout particulièrement à mon intention, une malade des plus intéressantes, Mlle Louise D***, avait été choisie par l’archiconfrérie de Notre-Dame-des-Victoires, dont elle était membre. Mlle Louise D***, âgée de trente-deux ans, demeurant rue Monsigny, à Paris, étais tuberculeuse au plus haut degré. Dans ces derniers temps, le mal avait empiré au point que d’abondants et fréquents vomissements de sang s’étaient ajoutés aux suffocations, quintes de toux et autres douleurs de la cruelle maladie. « Le 4 juin, une hémorragie se produisit si violente, est-il dit dans le Pèlerin que les inquiétudes les plus vives se manifestèrent dans l’entourage de la malade ; on crut même devoir lui administrer les derniers sacrements, tant la faiblesse était grande et les étouffements effrayants. » Bref, Mlle Louise D*** était dans un état désespéré.