Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 1.djvu/51

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ment vous aurez le dessous, et le Grand-Orient, en ratifiant votre exclusion, se donnera l’air de se débarrasser d’un personnage compromettant…

« — Advienne que pourra ! répliquai-je à cette prédiction. En l’état actuel, je ne vous demande que de ne pas céder aux influences et de faire votre devoir.

« — Je vous l’ai dit, la majorité du Comité le fera. Seulement, je vous plains tout de même. Quand ils auront réussi à se débarrasser de vous, ils ne seront pas satisfaits, vous ne rencontrerez que des pièges sur vos pas, ils vous feront une guerre à mort.

« — Qui, ils ?

« — Parbleu ! ceux qui mènent en ce moment l’intrigue contre vous.

« — Mais, enfin, leurs noms ?

« — Ah! vous m’en demandez trop ! »

Là-dessus nous nous séparâmes, en nous donnant rendez-vous à la Tenue Extraordinaire qui allait être sans objet. Le coup devait forcément rater, puisque la mèche avait été éventée.

Mon opinion est que l’acte d’accusation était rédigé dès le début de l’affaire, qu’il avait été fabriqué en dehors de la Loge, et que, le 5 septembre, le F∴ Rath l’avait dans sa poche. Si j’avais manqué d’énergie à la réunion secrète de ce jour-là, si je n’avais pas montré hardiment que je savais ce qui se tramait, si je n’avais pas démasqué les batteries du Vénérable et du Grand-Orient et mis les membres du Comité carrément en face du rôle de complices qu’on leur faisait jouer, le F∴ Rath, après mon départ, aurait tourné ses collègues contre moi, en mettant toujours en avant les noms de Victor Hugo et de Louis Blanc, et, spéculant sur la faiblesse du Secrétaire et du Grand-Expert, aurait obtenu, à la majorité des voix, sinon à l’unanimité, un vote déclarant la plainte fondée et juste : il se serait fait