Page:Taxil, Révélations complètes sur la franc-maçonnerie, Les frères Trois-Points, 1886, tome 2.djvu/440

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évident qu’il ne se ferait, pas plus dans l’avenir qu’il ne l’avait été auparavant, le très humble serviteur des Grands-Orients et des Suprêmes Conseils. On peut critiquer Gambetta comme homme politique ; mais il faut reconnaître qu’il était un caractère ; il n’avait pas dans les veines le sang d’un valet.

Il haussait les épaules, quand les gros bonnets de l’Ordre maçonnique venaient lui parler de leur influence. Il n’avait confiance qu’en lui-même, il pensait que toutes les intrigues parlementaires n’avaient pas réussi à entamer son prestige devant la masse du peuple, et il se moquait des tripoteurs des Chapitres et des Aréopages aussi ouvertement qu’il avait montré le poing avec colère aux braillards de Belleville ; les révolutionnaires avaient plus eu le don de l’émouvoir que tous les porteurs de tabliers à bavette.

Dans les Loges, on disait :

— Ah ! Gambetta n’est pas notre homme !

De son côté, Gambetta, quand il était obsédé par la Confrérie Trois-Points, disait avec son franc-parler brutal :

— Ah ça ! ils m’embêtent à la fin !… Est-ce que je leur ai jamais demandé quelque chose ?

Bref, à raison de son importance devant le pays, il était devenu un obstacle.

C’est alors que partit le coup de pistolet des Jardies.

Je demande que l’on fasse le jour sur ce mystère. Qui a tiré ce coup de pistolet ?

On a dit vaguement, au lendemain du crime, qu’il y avait là-dessous une histoire de femme. Je veux bien admettre que la main meurtrière ait été une main féminine ; mais l’action de la justice, en présence de l’assassinat d’un personnage aussi considérable, se serait-elle arrêtée devant une intrigue de boudoir ?

Voyons, il ne faudrait pas prendre cependant les Français pour un peuple d’imbéciles !