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beau pincer les lèvres et prendre un air solennel, personne, dans la vieille cité phocéenne, ne pouvait se faire à l’idée qu’il était tout-à-coup devenu un personnage sérieux, et on l’abordait avec le même sans-gêne que le chef de cabinet.

Cela dura jusqu’à la capitulation de Paris.

Les élections générales se firent en France avec une précipitation que tout le monde connaît ; mais, dans les Bouches-du-Rhône particulièrement, les représentants de l’autorité républicaine le prirent à leur aise, mieux encore que partout ailleurs.

L’armistice, on se le rappelle, fut signé le 28 janvier 1871. Le lendemain, 29, le gouvernement rendit un décret convoquant les électeurs pour le mercredi 8 février ; ce décret fut envoyé par voie télégraphique à tous les préfets.

Savez-vous ce que fit Alphonse Gent, préfet de Marseille ? — Il garda tout simplement la dépêche dans sa poche. Mais le plus beau de l’affaire, c’est que, tandis que les électeurs des Bouches-du-Rhône n’étaient pas convoqués et se demandaient à quelle date aurait lieu le scrutin, Gent se portait candidat dans le département à côté, en Vaucluse.