Le rédacteur en chef, M. Gilly la Palud, préféra supprimer pour toujours les éphémérides que risquer de publier, un beau matin, par inadvertance de l’administrateur, des lignes pareilles à celles que je viens de citer.
Néanmoins, comme il tenait à ma collaboration, il me donna le poste de chroniqueur supplémentaire, avec 30 francs d’appointements mensuels. Réduit à la relation des arrivages de bateaux et au récit des histoires de chiens écrasés, il m’était désormais impossible d’exercer mes fureurs révolutionnaires dans les colonnes du journal.
À cette époque, donc, je collaborais d’une part à l’Égalité, et d’autre part j’étais le principal rédacteur de la Marotte. J’avais rompu toute relation avec mes parents et mes amis d’enfance. Je ne gagnais pas de quoi mener la vie à grandes guides ; mais enfin je suffisais à mes besoins. J’avais réalisé mon rêve : n’être à charge à personne.
Le 10 janvier 1873, les propriétaires de l’Égalité me proposèrent de remplacer la Marotte par une autre feuille, toujours dans la note satirique, mais d’une allure moins faubourienne ; ils me fournissaient un cautionnement et la rédaction devenait plus