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mable, ce n’est nullement ce que le vulgaire appelle mentir.

Bien mieux, rien n’est plus juste que d’amplifier les mensonges déjà mis en circulation par un autre.

Un de mes anciens amis, Léon Bienvenu, très connu dans la presse parisienne, a écrit ceci, au cours d’un ouvrage où il employait tous ses efforts à rendre la papauté ridicule et odieuse :

« On ne peut pas connaître tous les crimes commis par les papes ; en en racontant deux ou trois fois plus qu’on en sait, on restera donc sûrement au-dessous de la vérité. »

L’aveu est dépouillé d’artifice, on le reconnaîtra ; c’est en manière de plaisanterie que l’auteur le laissait tomber de sa plume. N’importe, il a sa valeur ; car il est caractéristique. Ce que Léon Bienvenu a écrit en riant, tous mes ex-confrères républicains libres-penseurs le font quotidiennement sans le dire.

Ah ! si chacun venait, comme moi aujourd’hui, avouer quelle a été sa part dans les mensonges accrédités auprès du peuple ignorant, il ne resterait pas grand’chose de ces légendes calomnieuses qui ont été imaginées par les uns et amplifiées par les autres.