Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/281

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lation parisienne seule. Jamais je n’oublierai la triste figure de ces députés et sénateurs de la gauche, qui allaient et venaient, fiévreux et crispés, cachant dans les écuries du Cirque leur colère et leur dépit ; car ils enrageaient littéralement de voir une aussi immense multitude acclamer un nom qui n’était pas le leur ; ils étaient furieux de ne pouvoir se dérober, vexés d’être obligés de monter sur l’estrade. Lockroy, les lèvres blêmes et pincées, présentait, avec un terrible ennui, ses compliments « aux frères italiens » ; Clémenceau tortillait sa moustache et passait par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Tous grinçaient des dents à l’unisson.

Là-haut, dans les stalles et les tribunes, le bon peuple, peu au courant des petits mystères des coulisses, s’imaginait que ses représentants débordaient de joie.

Au Conseil Municipal, ce fut une bien autre affaire. Les conseillers délibérèrent en secret pour savoir s’ils ne devaient pas refuser l’épée de La Tour d’Auvergne que le général Canzio-Garibaldi apportait, au nom de sa famille, à la capitale de la France.

Pour lasser le gendre du héros républicain, et comme on pensait qu’il ne pouvait