Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/350

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entendre ce qu’elle appelait ses voix, — je ne mettais pas sa bonne foi en doute, — et avait pris ses désirs pour la réalité. C’était, à mon avis, une hallucination pure et simple.

Elle s’était vaillamment battue, et, à ce point de vue, mon admiration pour la Pucelle était sans bornes.

Trahie, elle avait été livrée aux Anglais. Son procès avait été instruit par des ecclésiastiques vendus à l’ennemi envahisseur. En ne pas parlant du vrai clergé de France, qui, lui, ne trempa pas dans l’abominable crime, en représentant la réhabilitation ordonnée par le Saint-Siège comme un acte de diplomatie, je jetais à la face de l’Église entière l’infamie personnelle de Cauchon et de ses complices.

En outre, je rendais les bourreaux de Jeanne plus odieux encore qu’ils ne sont, en transformant leurs outrages de soldats grossiers en violences immorales ayant abouti.

Sur ce thème, j’écrivis douze chapitres ; mon manuscrit donnait la matière d’un petit volume in-18, de 200 à 250 pages. Mon but était de répandre, parmi le peuple, un livre de propagande facile, qui devait, grâce à la sympathie attachée à mon héroïne, attiser les haines contre le clergé.