Page:Taxil - Confessions d'un ex-libre-penseur - 1887 - Letouzey et Ané - 6e édition.djvu/384

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— Il est fou ! ripostaient quelques-uns.

Ce fut un tumulte indescriptible.

Le président, vexé d’être ainsi interrompu au milieu d’une de ses plus éloquentes périodes, agitait sa sonnette. Enfin, le silence se rétablit tant bien que mal.

M. M***, alors, de m’apostropher avec la dernière violence :

— Eh quoi ! vous avez l’infamie de venir braver en face ceux qui s’apprêtent à vous expulser ? Il faut vraiment que vous n’ayez rien dans le ventre (textuel). Vous n’êtes pas fou, cependant !… Vous n’avez pas cru à la religion, une seule minute de votre vie, et vous n’y croirez jamais… Vous êtes un comédien et un lâche !… Quoi ! après avoir formé dix-sept mille adhérents, après avoir créé le grand mouvement anti-clérical, vous reniez tout cela !… Vous n’en avez pas le droit. C’est un crime ! Vous êtes un traître !… Il vaudrait mieux que vous eussiez tué tous ces hommes qui sont ici plutôt que de les trahir de la sorte !… À votre tour, vous aviez charge d’âmes… Ah ! nous ne sommes pas dupes de votre abjuration ! La vérité, c’est que le Vatican vous a payé cher, ou, s’il ne vous a pas encore remis le prix de votre trahison,