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cette aventure, le vrai coupable, c’était moi, que mon frère avait subi mon influence, et que c’était à mon imagination un peu précoce et à mon ardeur par trop déréglée qu’était dû ce voyage de haute fantaisie ayant pour but Rochefort et la Belgique.

Mon père, ne sachant à quel saint se vouer, demanda conseil à tout le monde. Il était négociant et avait un associé ; celui-ci l’engagea à m’infliger une correction sérieuse, à me faire enfermer dans une maison de discipline.

Comme conclusion, mes parents décidèrent que mon frère continuerait ses études et que, moi, je serais mis en réclusion à Mettray, jusqu’à mon retour à de meilleurs sentiments.

Usant de son droit légal de correction paternelle, mon père obtint donc du président du tribunal civil une autorisation d’internement, et, le 1er  novembre, je quittai Marseille sous la conduite d’un gendarme. À vrai dire, le gendarme, choisi pour me faire escorte jusqu’à Mettray, n’était pas le premier venu. Il était connu et apprécié de la famille ; il avait, un jour, sauvé la vie à mon oncle, en arrêtant son cheval emporté ; il