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était, à raison de cela, considéré et aimé par mes parents. Mais, si pour eux il était « le brave ami Bécoulet », pour moi, c’était… un gendarme.

Je partis en sa compagnie, maudissant les conseillers de mon père, enrageant de ne pouvoir me soustraire à cette humiliante correction, jurant à la religion une haine éternelle, me promettant bien de tirer dans l’avenir une vengeance éclatante du traitement qui m’était infligé.

Ce long voyage de Marseille à Tours fut pour moi un vrai supplice.

En vain, je tentai de m’échapper ; le gendarme ne me perdait pas de vue, une seconde.

À Mettray, il me remit entre les mains des directeurs, et l’on me claquemura dans une étroite chambrette, verrouillée et grillée, une prison.

Ah ! je n’ai pas l’intention de plaider les circonstances atténuantes. J’étais bien coupable ; mais je crois, aujourd’hui encore, que l’associé de mon père ne lui avait pas conseillé la bonne voie à prendre pour me ramener.

Au point de vue de la probité, rien ne pouvait m’être reproché, et l’on me soumet-