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très sensé, écrivit à mes parents et leur donna son avis ; et, sans doute, il engagea mon père à renoncer au plus tôt à l’emploi des moyens coërcitifs.

Le 6 janvier 1869, le sous-directeur de Mettray m’annonça que la liberté m’était rendue. Je ne me fis pas prier, comme on pense, pour boucler ma valise. Un employé de l’établissement m’accompagna jusqu’à Tours : là, il me remit un billet de chemin de fer pour Marseille, me donna des provisions de route et me souhaita bon voyage.

Je montai dans le train, la tête absolument bouleversée : d’une part, j’étais ivre de joie en me sentant libre ; d’autre part, j’avais la conviction que c’était à contre-cœur que ma famille m’avait fait relâcher et je ne savais aucun gré à mon père d’avoir abandonné ses droits de correction. Une expérience avait été faite par mes parents ; elle ne leur avait nullement réussi ; on jugeait bon de ne pas la poursuivre. Tant-mieux pour moi ! me disais-je ; mais tant-pis pour le clergé qui est l’auteur de ce qui m’est arrivé ! Et je vouais de plus belle une haine implacable à tous « mes ennemis ».

Le lecteur s’attendait peut-être à me voir lui