Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/150

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cela se faisait chez le charpentier Elizârov…

Le jour du jugement fut enfin fixé. Tsyboûkine partit pour cinq jours. On entendit dire qu’on avait emmené comme témoins des moujiks du village. Le vieil ouvrier, ayant reçu une assignation, partit aussi.

L’affaire fut jugée un jeudi. Le dimanche d’après, Tsyboûkine n’était pas encore revenu et on n’avait aucune nouvelle. Le mardi soir, Varvâra, assise près de la fenêtre ouverte, épiait si le vieillard revenait. Lîpa jouait dans la chambre voisine avec son enfant. Elle le faisait sauter dans ses bras et disait en extase :

– Tu deviendras grand, grand… Tu seras un homme ; nous irons ensemble en journée ; nous irons en journée !

– Voyons ! dit Varvâra offensée, quelle journée encore vas-tu chercher, petite sotte ? Nous en ferons un marchand.

Lîpa se mit à chantonner, mais bientôt après elle s’oublia et reprit :

– Tu deviendras grand, grand ! tu seras un homme ; nous irons ensemble en journée…

– Voyons ! tu en reviens toujours là !

Lîpa, tenant son enfant sur les bras, s’arrêta près de la porte et demanda :

– Maman, pourquoi est-ce que je l’aime tant ? Pourquoi est-ce que je le plains tant ? dit-elle, la