Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/162

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il n’y avait déjà plus de flamme ; seules luisaient les braises rouges. On entendait des chevaux brouter. Deux chariots, dans les ténèbres, se dessinèrent. Sur l’un, il y avait un tonneau, et sur l’autre plus bas, des sacs. Puis on distingua deux hommes. Un des hommes amenait un cheval pour l’atteler, l’autre, les mains derrière le dos, demeurait immobile près du feu. Un chien grogna près des chariots. L’homme qui menait le cheval s’arrêta et dit :

– On dirait que quelqu’un vient sur la route.

– Boulette, tais-toi ! cria l’autre au chien.

On put comprendre à la voix que ce second homme était vieux. Lîpa s’arrêta et dit :

– Dieu vous aide !

Le vieux s’approcha d’elle et répondit alors :

– Bonsoir.

– Votre chien ne me mordra pas, grand-père ?

– Non, avance ; il ne te touchera pas.

– Je viens de l’hôpital, dit Lîpa, après un peu de silence. Mon petit y est mort. Je le rapporte à la maison.

Il fut désagréable sans doute au vieillard d’entendre cela, car il s’éloigna et dit vite :

– Tant pis, ma chère. La volonté de Dieu ! Comme tu lambines, garçon, dit-il à son compagnon en se rapprochant de lui. Si tu te pressais !

– L’arc des brancards n’est pas là, dit le garçon. Je ne le vois pas.