Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/220

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manches, ce n’est rien. Mais quelqu’un de la quatrième classe, de la troisième, ou supposons, de la seconde, le patron nous tapait à tous dans les dents, et il fallait courir à la gendarmerie. Nous habillions, une fois, mon vieux, le consul de Perse. Nous lui avions cousu sur le jabot et sur le dos pour quinze cents roubles de tortillons d’or. Nous pensions qu’il ne paierait pas ; mais si, il a payé… À Pétersbourg, même chez les Tatars, il y a de la noblesse…

Merkoûlov parla ainsi longtemps. Sous le poids de ces souvenirs, vers neuf heures, il se mit à pleurer et à se plaindre amèrement de la destinée qui le reléguait dans une petite ville, uniquement remplie de marchands et d’artisans. L’agent de ville avait déjà mené deux personnes au violon ; le garçon de perception était allé deux fois à la poste et au bureau, et en était revenu ; et Merkoûlov se plaignait toujours.

À midi, debout devant le sacristain, Merkoûlov se frappait la poitrine du poing et marmonnait : « Je ne veux pas habiller des mufles. Seul, à Pétersbourg, j’ai habillé le baron Sputzel et MM. les officiers ! Éloigne-toi de moi, calotin à longue robe ! Que mes yeux ne te voient plus ! Éloigne-toi de moi !

– Vous vous êtes fait une haute opinion de vous-même, Trîphone Pantélêitch, observa le sacristain. Bien qu’artiste dans votre corps d’état,