Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/240

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du bruit ; les cochers eux-mêmes la savaient. Souviens-toi ! Ce fut l’avocat Châpkine qui fit prononcer le divorce… Un coquin, tricheur reconnu, celui que l’on fouetta au cercle…

– Ivane Nikolâitch ?

– Mais oui, mais oui !… Vit-il ? Est-il mort ?

– Il vit, Dieu merci, il vit !… Il est maintenant notaire, il a une étude, il vit bien… Il a deux maisons dans la Kirpîtchnaia. Il a marié sa fille il n’y a pas longtemps…

Ouzélkov fit les cent pas, réfléchit et, à force de s’ennuyer, décida d’aller voir Châpkine. Il était midi ; il sortit de l’hôtel, et se dirigea lentement vers la rue Kirpîtchnaia. Il trouva Châpkine à son étude et, lui aussi, le reconnut à peine. L’avocat agile, découplé, à figure vive et effrontée, constamment ivre, qu’il avait été, était devenu un vieillard discret, débile, à cheveux gris.

– Vous ne me reconnaissez plus ? lui demanda l’architecte. Je suis votre ancien client, Ouzélkov.

– Ouzélkov ?… chercha le notaire, quel Ouzélkov ? Ah !…

Il se souvint, le reconnut et fut stupéfait. Les exclamations, les questions, les souvenirs se pressèrent.

– Ah ! je ne m’attendais pas ! gloussait Châpkine, je ne pensais pas ! Que vous offrirai-je bien ? Voulez-vous du champagne ? des huîtres ? Je vous