lettre, comme le font la majorité des médecins, il faut sur toute chose de la propreté et de l’aération, et non pas de malpropreté ; il faut une nourriture saine et non pas de puantes soupes aux choux aigres ; il faut enfin d’honnêtes collaborateurs et non pas des voleurs…
Et, en somme, pourquoi empêcher les gens de mourir, puisque la mort est la fin normale et préétablie de chacun ? Qu’y aura-t-il donc de changé, quand un marchand ou un fonctionnaire aura traîné cinq à dix années de plus que de raison ?… Et si l’on met la fin de la médecine à adoucir la souffrance par des remèdes, la question suivante se pose aussitôt malgré vous : pourquoi adoucir la souffrance ? On dit que la souffrance conduit l’homme à la perfection. Si l’humanité se met à adoucir ses souffrances par des pilules et des gouttes, elle rejette par là toute religion et toute philosophie dans lesquelles on a trouvé jusqu’à présent non seulement un refuge contre tous les maux, mais même le bonheur. Pouchkine, avant sa mort, éprouva des souffrances horribles ; le pauvre H. Heine resta paralysé des années entières ; pourquoi donc ne pas laisser souffrir un peu un André Efîmytch ou quelque Matriôna Sâvvichna dont la vie serait, sans la souffrance, entièrement vide, telle une page blanche, et semblable à celle des amibes ?
Accablé par de semblables raisonnements, André Efîmytch