Page:Tchékhov - Salle 6, trad Roche, 1922.djvu/29

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perdit courage et se mit à ne plus venir à l’hôpital chaque jour.


VI

Voici comment sa vie se passait.

Il se levait d’ordinaire à huit heures, s’habillait et buvait du thé. Puis il se mettait à lire dans son cabinet, ou allait à l’hôpital. Les malades du dehors l’y attendaient, dans le petit corridor étroit et sombre. Il passait devant eux des employés de l’hôpital, battant de leurs bottes le pavé de briques ; il passait des malades hâves, en capotes bleues ; on emportait des vases de nuit ; on enlevait des cadavres ; des enfants pleuraient ; il soufflait des courants d’air. André Efîmytch sait que, pour des tuberculeux et en général pour toutes sortes de malades impressionnables, une attente dans de pareilles conditions est un martyre. Mais qu’y faire ? Il trouve dans la salle de consultation son aide Serge Serguiéitch, petit homme replet, au visage rebondi, reluisant et rasé, aux manières aisées et affables, plus semblable, en ses vêtements amples et neufs, à un sénateur qu’à un aide-chirurgien. Serge Serguiéitch porte des cravates blanches, a une grosse clientèle, et se regarde comme infiniment