Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/120

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savez pas en quoi consiste la pitié filiale ! Eh bien ! mener un vieillard à la lisière comme un enfant, voilà la piété filiale.

TSAÏ.

Femme, que voulez-vous dire ?

TSAÏ-YONG.

Mon père, je vais répondre à votre question. « Le devoir du fils, c’est de prendre des précautions pour qu’en hiver comme en été, ses parents jouissent de toutes les commodités de la vie. Il faut que, chaque soir, il dresse lui-même la couche sur laquelle ils reposent ; il faut que, tous les matins, au premier chant du coq, il s’informe, dans les termes les plus affectueux, de l’état de leur santé ; le devoir du fils, c’est de veiller sur ses parents quand ils marchent ; c’est d’aimer ceux qu’ils aiment, d’honorer ceux qu’ils honorent. Un fils, tant que son père et sa mère vivent, ne doit point s’éloigner de la maison qu’ils habitent[1]. » Voilà la piété filiale des anciens. C’est ainsi qu’ils pensaient et agissaient.

TSAÏ.

Mon fils, tout cela, c’est ce qu’on appelle Siao-tsieï, ou les devoirs vulgaires. Mais il y a plusieurs degrés dans la piété filiale ; tu n’as pas parlé jusqu’ici des grands devoirs, de la piété par excellence.

MADAME TSAÏ, exaspérée.

Malheureux ! vous n’êtes pas encore mort : attendez : c’est seulement alors qu’on pourra le forcer à

  1. Ce passage est tiré du Livre des rites.