Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/133

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éloges désintéressés ; mais il est indéniable que nous ayons été illustrés par Voltaire et qu’il ait pensé qu’il n’était pas absolument inconvenant d’être Chinois. Il a même adressé des vers à notre grand empereur Khiang-Loung, un lettré des plus distingués de la fin du XVIIIe siècle :


Reçois mes compliments, charmant roi de la Chine :
Ton trône est donc placé sur la double colline !
On sait dans l’Occident que, malgré mes travers,
J’ai toujours fort aimé les rois qui font des vers.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

O toi que sur le trône un feu céleste enflamme,
Dis-moi si ce grand art dont nous sommes épris,
Est aussi difficile à Pékin qu’à Paris.
Ton peuple est-il soumis à cette loi si dure
Qui veut qu’avec six pieds d’une égale mesure,
De deux Alexandrins, côte à côte marchants,
L’un serve pour la rime et l’autre pour le sens ?
Si bien que, sans rien perdre, en bravant cet usage,
On pourrait retrancher la moitié d’un ouvrage.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Aujourd’hui la politique a bouleversé ces relations qui promettaient un avenir meilleur. Les rois qui font des vers sont devenus rares, et l’on