Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/193

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chacun a pris un air de victime résignée. J’attribue en partie le succès de la soirée à ce contraste. Dites à un public : « Vous allez voir ! c’est un chef-d’œuvre ! il ne sera pas de cet avis. Mais, jetez-lui sur la tête une bonne douche dès le lever du rideau, vous le verrez soumis et docile, ce qui lui aurait paru médiocre lui semblera attachant. Décidément, les Chinois sont des malins et connaissent bien leur « tout-Pékin ».

Ce qui fait le mérite de cette pièce, et j’exprime ici mon opinion, indépendamment de toute influence de curiosité, c’est qu’elle intéresse sans qu’il soit possible de reconnaître aucune des règles dont l’observation s’impose à nos auteurs dramatiques. C’est une suite de tableaux qui passent devant l’attention, comme les feuillets d’un livre de mémoires. Les années s’écoulent, les événements s’accomplissent ; les personnages parlent et agissent, et, lorsque tout est terminé, au lieu d’une confusion de détails, il reste dans l’esprit une seule note, claire et profonde, un principe lumineux, une démonstration. Cette