Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/208

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les enfants de leur imagination qu’ils aiment, et volontiers ils créeraient même des empereurs et des rois pour aider à leurs fictions. Mais ils ne se croiraient pas dramatiques s’ils représentaient fidèlement un personnage de l’histoire. C’est l’œuvre de l’historien. Shakspeare est bien moins intéressé à nous raconter l’épisode de Macbeth qu’à nous représenter la tyrannique et sanglante ambition de lady Macbeth et toutes les angoisses du remords qui s’emparent de son âme criminelle ; c’est la tache du sang que les flots de la mer ne pourront pas laver qui séduit l’art du poète ; c’est le spectre de Banco qui portera l'effroi dans son imagination. L’histoire ne lui donne que des noms, et son génie fait marcher les forêts. Ce sont des passions qu’il dépeint et non des actions.

Les tragiques français n’ont pas suivi d’autre impulsion. Que ce soient les Grecs ou les Romains qui soient en scène, ce ne sont que des prète-noms, et les spectateurs ne s’intéressent à tous ces héros que parce qu’ils parlent merveilleuse-