Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

homme qui n’est rien socialement et qui se grandit au-dessus de tous, à une hauteur où n’arriveront jamais ni l’argent, ni la noblesse, ni le pouvoir royal : les couronnes et les sacs d’écus n’élèvent pas aussi haut !

La première fois que j’ai pu lire Molière, je n’ai su ce qu’il fallait le plus admirer de son courage ou de son génie ; mais j’ai imaginé qu’il avait dû éprouver une sorte d’effroi à la pensée de livrer seul un tel combat. Vit-on jamais un pareil spectacle : une troupe de comédiens osant attaquer de front les courtisans de Louis XIV ! Toutes les vanités reléguées à leur rang ! Tous les faux savants coiffés du bonnet d’âne ! Tous les dévots hypocrites marqués au fer rouge et confondus pour toujours avec Tartufe ! N’avais-je pas raison de dire de Molière qu’il était le patron des audacieux ?

La transition est violente : c’est un Chinois qui rend cet hommage à Molière, et qui voudrait se dire de ses disciples pour faire excuser