Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/215

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voit, d’un peu de vanité, mais d’ailleurs honnête et consciencieux : « Les dieux, dit-il, ne se laissent pas gagner par l’encens et les offrandes des méchants. » Ce propos lui est venu dans l’esprit à l’occasion d’un certain garnement, nommé Kou-Jin, qui se présente tous les jours dans le temple se plaignant des mortels et des immortels, et ne cessant d’importuner le dieu par ses prières. Il se présentera sans doute encore aujourd’hui.

En effet, nous voici descendu des demeures divines sur la terre, dans le temple de Ling. Kou-Jin y était déjà. Il maudit son sort ; sans bien, sans industrie aucune, il est réduit à servir les maçons et à leur porter l’eau et l’argile. Quelle est sa misère ! Il n’a pas même de quoi acheter un peu d’encens ; il offrira au dieu des boulettes de terre. Si le dieu lui accordait un peu de bien, il entretiendrait des religieux à ses frais, il ferait l’aumône aux pauvres, il bâtirait des pagodes, il réparerait les ponts et les chemins, il prendrait soin des orphelins, il soulagerait les veuves et les vieillards infirmes. Vraiment le genre humain