Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/239

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Oh ! j’entends un coup de tambour ; on vient de battre la première veille. Mon maître m’a dit que je pourrais dormir à mon aise ; dormons, (Il se couche, ronfle et parle en rêvant.) Nous sommes dans la grande rue ; il y a place pour tout le monde... la grande rue est pour tout le monde ? « Voyons ; puisque je marche de ce côté, il me semble que vous pourriez marcher d’un autre côté... Quelle nécessité de se presser les uns contre les autres ?...» Ah ! mon épaule... Ah ! mes pauvres côtes... J’ai une partie du corps toute froissée ! « Mais qu’est-ce donc que vous tâtez comme cela ? Pourquoi fouillez-vous donc dans ma ceinture ?... Voudriez-vous par hasard prendre mon argent9 — Où allez-vous avec cet argent ? A qui appartient cet argent ? — Il est à moi. C’est Long, mon maître, qui me l’a donné. Vite, rendez-moi mon argent ! Au voleur ! au voleur ! » (Il veut poursuivre le voleur et tombe par terre.) Ah ! c’était un rêve ! N’importe, regardons notre argent, (Il regarde son argent.) Je l’avais caché dans ma ceinture et j’ai rêvé qu’un voleur cherchait à m’en dépouiller. Où pourrais-je le serrer maintenant ? (Il regarde partout.) Dans le foyer... Je vais faire un trou dans la cendre. Ce que c’est que la pauvreté ! Voilà une cheminée où, de mémoire d’homme, on n’a pas allumé de feu... Recouvrons notre argent avec un peu de cendre ; là, très bien. Comment pourrait-on deviner qu’il y a de l’argent dans le foyer ?... Un, deux... Quoi ! déjà la deuxième veille ! Mon maître m’a dit que je dormirais tranquillement ; tâchons donc de dormir, (Il s’endort.) Quel vent ! Il n’y a pas moyen d’allumer une lanterne... Je puis parler tout haut sans que l’on m’entende... « Où allez-vous avec votre allumette à la main ? » Il ne l’éteindra pas... Ciel ! il la jette sur la paille qui est devant le treillis de la porte... le feu prend ; la flamme s’élève... Oh ! comme elle monte dans l’air !... La