Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/240

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voilà maintenant qui retombe sur les toits... Le bâtiment croule ; l’incendie gagne la maison voisine... Tout le monde accourt... On fait la chaîne... Ils ne parviendront jamais à éteindre le feu... Ah ! ah ! quels cris tumultueux ! (Il se réveille et tombe par terre.) Oh ! Ce n’était qu’un rêve ! Regardons notre argent. (Il regarde son argent.) Je l’avais caché dans l’âtre de la cheminée et j’ai rêvé que le feu prenait à la maison... Voyons donc ; il faut nécessairement que je trouve une bonne place... Où ? Où ? Dans la fontaine, (Il jette son argent dans la fontaine.) Pong ! Mettons le couvercle de jonc... A présent, qu’il y ait des voleurs ou qu’il n’y en ait pas, c’est le moindre de mes soucis. Quand les voleurs viendraient, comment sauraient-ils qu’il y a de l’argent dans la fontaine ? On vient de battre le tambour : c’est la troisième veille. Long, mon maître, m’avait pourtant dit que je dormirais d’un profond sommeil. Voyons,tâchons de dormir, (Il s’endort et parle en rêvant.) Nous aurons de l’orage ; le ciel se noircit... « Couvrez les saumures... Rentrez le blé sec dans le grenier... A l’est, au midi, les nuages vont crever... » Oh ! comme la pluie tombe ! comme elle tombe, comme elle tombe ! Voilà des torrents qui se forment dans les montagnes... C’est une inondation... Elle va submerger tout le pays... L’eau monte, l’eau monte... Les chiens se sauvent à la nage... Les grenouilles nagent, (Il se réveille et tombe par terre.) Ah ! c’était un rêve. Regardons néanmoins notre argent. (Il retire son argent de la fontaine.) Le Voilà ! le voilà !... Je l’avais mis dans la fontaine et j’ai rêvé qu’une inondation ravageait le pays... Où pourrais-je donc trouver une bonne place ?... Ah ! sous le seuil de la porte, (Il sourit.) Pour le coup, il sera bien là : malheureusement, je m’en suis avisé trop tard... Une, deux, trois, quatre... Déjà la quatrième veille !... Voyons donc, à la fin, si je dormirai, comme dit mon