Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/245

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hommes, « l’art de traire les hommes[1] » ? l’amant d’Élise va vous l’apprendre, et la recette est admirable :

« Pour gagner les hommes, il n’est pas de meilleure voie que de se parer à leurs yeux de leurs inclinations, que de donner dans leurs maximes, encenser leurs défauts, et applaudir à ce qu’ils font. On n’a que faire d’avoir peur de trop charger la complaisance, et la manière dont on les joue a beau être visible, les plus fins sont toujours de grandes dupes du côté de la flatterie ; et il n’y a rien de si impertinent et de si ridicule qu’on ne fasse avaler lorsqu’on l’assaisonne en louanges. La sincérité souffre un peu au métier que je fais ; mais, quand on a besoin des hommes, il faut bien s’ajuster à eux ; et, puisqu’on ne saurait les gagner que par là, ce n’est pas la faute de ceux qui flattent, mais de ceux qui veulent être flattés. »

C’est parfait, il n’y a rien de plus ressemblant que les personnages de Molière : voilà un homme qui comprend à merveille le peu d’égard qu’il a

  1. L’Avare, acte II, scène v.