Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/261

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tous les devoirs de la charité, sans plus de profit pour les malheureux et les désespérés ; quand on entend ces prétendus chrétiens parler de fraternité des âmes et qu’on les voit frapper leurs poitrines coupables et s’accuser d’égoïsme, sans qu’ils comprennent qu’un acte de générosité ferait bien mieux l’affaire de leur conscience, quand on les sait enfin si exactement éclairés et si inconséquents, ne faut-il pas convenir que tout ce qui est moral est absurde, puisque cela ne sert à rien ? Et le théâtre moral n’est-il pas l’invention d’un esprit en délire, qui aura voulu se moquer de ses semblables ? Le théâtre est fait pour amuser l’esprit, les yeux, les oreilles ; castigat ridendo mores ! oh ! la vieille rengaine ! qu’est-ce qu’elle castigat ? rien du tout ! Des trois termes, il n’y en a qu’un seul de vrai, le rire ; combien de formules morales pourraient se vanter d’avoir un mot de vrai, un seul ?

Nos anciens disaient toujours : « L’action vaut mieux que les paroles ; ne perdez pas votre temps à parler, agissez ! » Est-ce que le missionnaire