Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/266

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scène vraiment grande, celle qui montre l’épouse plaidant pour son bonheur et cherchant par des raisons à convaincre l’infidèle sur les déceptions qui l’attendent et sur les malheurs qui le mena» cent. Combien de femmes — qui ne sont pas toutes Chinoises — pourraient jouer la même scène et répéter les mêmes arguments, sans plus de succès ? Les entendez-vous s’écrier : « Zanetto ! Zanetto ! ne va pas chez la Silvia ! » Mais les Zanettos sont rares dans le monde des maris, aussi rares que les Silvias dans le monde des femmes, ce qui n’est pas peu dire ! Suivez la scène : elle vous intéressera.

LI.

Je veux l’épouser.

LIEOU.

Si vous l’épousez, vous me ferez mourir de douleur. (Elle chante.) Mon indignation est si vive, que je voudrais plonger son visage fardé dans les eaux de la rivière Mi-lo. Sa passion pour vous s’accroît de plus en plus ; elle ne cherche qu’à me frustrer de mes plaisirs légitimes. Gardez-vous de prêter l’oreille à ses propos insidieux. C’est une femme qui vous trompe, une vile créature qui trafique de ses charmes, et cependant vous voulez l’épouser ! (Elle chante sur un autre air.) Quoi !