Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/286

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SIAO-MAN.

Fan-Sou, garde-toi de faire du bruit. Retenons nos ceintures qui sont garnies de pierres sonores, et marchons tout doucement.

FAN-SOU.
Elle chante.______

Les pierres de nos ceintures s’agitent avec un bruit harmonieux : que nos petits pieds, semblables à des nénufars d’or, effleurent mollement la terre. La lune brille sur nos têtes pendant que nous foulons la mousse verdoyante. La fraîcheur humide de la nuit pénètre nos vêtements légers. (Elle parie.) Mademoiselle, voyez donc comme ces fleurs sont vermeilles ; elles ressemblent à une étoffe de soie brodée ; voyez là verdure des saules ; de loin, on dirait des masses de vapeurs qui se balancent dans l’air. Nous jouissons de toutes les beautés du printemps.

SIAO-MAN.

Que ces perspectives sont ravissantes !

FAN-SOU.
Elle chante.______

Ce printemps, qui dure quatre-vingt-dix jours, déploie maintenant tous ses charmes. Nous voici dans ces longues nuits qui valent mille onces d’argent. (Elle parle.) Regardez ces pêchers vermeils et ces saules verdoyants. (Elle chante. ) Les fleurs et les saules semblent sourire à notre approche ; le vent et la lune redoublent de tendresse ; ce sont eux qui font naître ces couleurs variées que nous admirons. Dans les moments délicieux, un poète se sentirait pressé d’épancher en