Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/317

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Elle se donne pour rien à qui la veut. L’expérience des autres ! mais c’est ce qu’il y a de plus aisé à connaître. Chose curieuse ! s’il vous arrivait de prendre un mot à quelqu’un, tout le monde crierait au voleur. L’expérience, ce n’est rien ! Vous voyez des gens, aussitôt qu’ils ont éprouvé une déception — et il y en a de toute sorte à éprouver — qui, au lieu de méditer la leçon, jurant, mais un peu tard, qu’on ne les y reprendra plus, s’en vont la raconter à qui veut l’entendre. Ils paraissent quelque peu heureux d’avoir été trompés, dupés, abusés. « Ah ! si vous saviez ! — Quoi ? — Eh bien, ma femme, vous savez ? — Mais oui ! quelle charmante femme ! lui serait-il arrivé malheur ? serait-elle malade ? — Vous n’y êtes pas : elle a quitté mon domicile conjugal. — Ah ! pauvre ami, un domicile aussi conjugal ! » Et voilà un imbécile de plus dans la collection. C’est très drôle.

Un autre racontera sa ruine : il s’était mis à faire valoir, et ses récoltes lui coûtaient si cher, qu’elles ont mangé son bien : l’intérêt rongeant