Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/326

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probus se reconnaît à chaque ligne, à chaque mot, comme aussi il ne se reconnaît pas ; et c’est plaisir de voir de pauvres diables médire de l’auteur dont le talent ou le succès les a froissés, ou qui ont une petite reconnaissance personnelle à satisfaire, comme une vulgaire rancune. Que de critiques désobligeants sont des amis ! Et si, parmi eux, il en est que vous ayez eu l’imprudence d’obliger, que de représailles vous supporterez pour une telle audace !

Les critiques les meilleures sont celles qui ne jugent que le livre, j’ajouterai même, sans lire le nom de l’auteur. Ce nom de l’auteur a un prestige inconcevable ! En cela, le public est un peu enfant — ou homme, — je ne sais pas. Il leur faut toujours une idole, à ces païens ! une idole, c’est-à-dire une intelligence au-dessus des autres, un être extraordinaire, un inspiré, plus qu’un homme. On a un désir excessif d’applaudir, d’acclamer, de s’enivrer du succès d’un autre : c’est instinctif. C’est aussi un genre ; admirer pose l’esprit, le proclame habile dans