Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tout connaître, on l’entrave, on le gêne ; on trouve cette curiosité importune, et petit à petit, soit par des réponses ridicules, soit par le silence, on arrive à détruire la faculté native de l’observation et le désir de savoir qui sont les aides de camp de la défiance et les sources de l’originalité.

Lorsque l’on examine de près toutes ces curiosités, elles intéressent plus qu’elles n’attristent ; car il n’y a rien de plus théoriquement comique que le spectacle de ces hommes. Ils se plaignent, ils gémissent, ils cherchent des libérateurs et des sauveurs ; la place publique est devenue la confusion des partis et des opinions ; ils ne savent plus distinguer la droite de la gauche : c’est un monde indéfini dont le centre n’est nulle part. Ils ont oublié les meilleurs conseils de la défiance ; qu’un bon tiens vaut mieux que tu l’auras (en Chine, nous disons « que deux tu ne l’auras pas ») ; que rien ne sert de courir, il faut partir à point. Combien en citerais-je, de ces oracles ? « Ne t’attends qu’à toi seul ! » est-il un précepte de défiance plus parfait ?