Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/343

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Avez-vous observé que les personnes qui tiennent aux relations sociales affectent de les rendre aussi rares que possible ?

Qu’est-ce, si ce n’est la défiance, qui inspire une semblable tactique ? C’est que les hommes doivent prendre des précautions infinies pour arriver à ne pas se mordre. Ils n’ont inventé la politesse que pour mieux se garer contre tous les dangers de la vie sociale, et derrière ces formules banales, que de rivalités, que de coups de dent ! Il existe même un art « qu’académique on nomme », qui consiste à être impoli poliment : c’est le comble !

L’Évangile recommande la douceur, mais il n’en parle qu’après avoir vanté la prudence du serpent. La prudence du serpent ! Voilà une opinion bien hardie ! J’ai observé que l’Évangile n’exprime le mot confiance que toutes les fois qu’il se rapporte à Dieu. C’est qu’en effet Dieu seul est capable d’attirer à lui toutes les hésitations de la défiance, tous ses doutes, tous ses tremblements. Dieu seul a assez d’empire sur le cœur humain pour le subjuger, pour s’en rendre