Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/347

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une vérité, est absolument fausse. Le vers célèbre de Térence : « Je suis homme et tout ce qui intéresse l’humanité m’intéresse » a été faux de tout temps ; il exprime une opinion qu’il ne convient pas à l’homme de dire. La réalité est toute différente, et le poète a idéalisé une pensée.

Lucrèce a donc raison, et tous les défiants le reconnaîtront. La seule concession qu’il serait peut-être poli de faire, ce serait de supprimer, dans la pensée de Lucrèce, la satisfaction qu’il paraît éprouver. Suave... il est agréable, c’est un plaisir... Pourquoi n’est-ce pas une calomnie ? Hélas ! ce n’est qu’une médisance, et La Rochefoucauld a répété, sous une forme XVIIe siècle, la même pensée, en disant qu’il y avait toujours quelque chose qui nous faisait plaisir... dans le malheur des autres. Et cela est si vrai ! Que chacun s’interroge : on proteste contre ces troubles intérieurs, contre ces scandales qui n’ont pas de témoins ; mais ils existent, c’est ce qu’on appelle se réjouir en secret, et ces réjouissances-là ont