Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puis la salle, devant laquelle la pièce se joue de temps en temps.

On dit des Chinois qu’ils ont un goût excessif pour le théâtre, et cela peut en effet se constater. Est-il possible de dire de même que l’Européen a une ardente passion pour le théâtre ? Le théâtre tout seul, cela existe-t-il en France ? Les planches de Tabarin ! il faudrait aller jusqu’en Chine pour les retrouver et voir en même temps un public assez impressionnable pour se représenter en imagination les scènes les plus grandioses, les palais des empereurs, les sites les plus pittoresques, les vallées où coulent nos grands fleuves et les montagnes sauvages dont les sommets sont couverts de neiges éternelles. Ce public entre instantanément en communication intime avec la fiction du poète ; l’idéal devient le réel, sans plus d’efforts qu’il n’en coûte à la volonté pour créer une illusion. Ce n’est pas le théâtre qui se transforme, c’est l’esprit de celui qui écoute ; il ne subit pas une action, il la conduit lui-même ; il est le créateur de ses sensations,