Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/43

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et, pour exciter cette faculté, il suffit de quelques lignes du prologue. C’est dans cette facilité, cette aptitude à se laisser charmer que je définis le goût de mes compatriotes pour le théâtre ; et c’est même une particularité assez rare, me semble-t-il, pour qu’elle soit signalée à l’attention des esprits qui ont encore la ressource de s’étonner de quelque chose. N’est-ce pas un fait curieux en soi que cette puissance d’imagination susceptible de réaliser le rêve, de changer de lieu et de temps, de transformer toute chose, sans moyens mécaniques, sans combinaisons ingénieuses, sans trucs ; par la seule présence de l’âme dans l’organe de la vue ? Si je ne me trompe, ce n’est pas là un phénomène grossier, et beaucoup d’esprits généreux, je veux dire de bonne race, méditeront sur ce fait et y attacheront une certaine importance. Sans doute, si l’auteur dramatique imagine son premier acte au milieu d’un camp, ou dans une ville assiégée, il sait se dématérialiser assez pour se communiquer, dans le moment où il écrit, toutes les