Page:Tcheng Kitong - Le Theatre des Chinois, 1e ed. Calmann Levy, 1886.djvu/54

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compliqué, c’est que la force des préjugés est indomptable et que rien n’est tenace comme la calomnie. C’est même un témoignage que j’enregistre avec un certain plaisir : c’est la calomnie qui plaît dans le préjugé.

Nous ne sommes pas beaucoup plus avancés en Chine actuellement qu’on ne l’était sous le règne de la cour et de la courtoisie au grand siècle de Louis XIV. Nos comédiens forment une basse classe à part. Ils vivent en vagabonds et s’en vont de ville en ville à la manière des bohémiens. Ils transportent avec eux leur matériel dramatique et répètent sous la tente ou en plein air les rôles du répertoire. Le directeur de ce conservatoire ambulant est le maître absolu de sa troupe ; il y a entre ces hommes des liens particuliers qu’il n’est pas très aisé de définir ; que ce soient des pactes secrets, des vœux ou de simples contrats, toujours est-il que les engagements sont durables et qu’on voit rarement des procès entre les acteurs et les directeurs. Ceux-ci sont rois et ceux-là sujets. Une troupe est une tribu, un petit