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Page:Tcherkesoff - Pages d’histoire socialiste, I, 1896.djvu/21

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production, la consommation et l’éducation intégrale. Ce fut lui qui, en 1836, fut le fondateur de la « Société de toutes les classes et de toutes les nations » — devancière de l’internationale — dans les séances de laquelle le mot socialisme (mais non « scientifique ») fut employé pour la première fois. En même temps, comme moyen de propagande, il organisa des sociétés coopératives et des marchés libres d’échange avec bons de travail. « Le travail, disait-il aux ouvriers, le 5 décembre 1833, est la source de la richesse et elle pourra rester dans les mains de l’ouvrier lorsque ceux-ci s’entendront à cet effet. » Il déploya une activité surhumaine pour créer cette entente, surtout dans les Trade’s-Unions. En 1833, il réclamait « 8 heures de travail et la fixation d’un minimum de salaire ». La même année, il organisa l’ « Union générale des classes productives ». En quelques semaines, on compta plus de 500.000 membres, parmi lesquels il y avait des ouvriers des campagnes et des groupes de femmes. Ceci lui permit de créer en 1834 la fédération de tous les métiers avec le titre « Grand National Trade-Union ». Et réellement grand fut le mouvement. « L’expansion du mouvement trade-unioniste en 1830 et 1834, autant qu’il est à notre connaissance[1], surpassait même le mouvement de 1871-75. »

Cet organisateur, homme incomparable en modestie, en dévouement à l’émancipation des déshérités, cet esprit positif, on voulut le faire passer pour un rêveur !… et qui ? — les gens qui se disent socialistes, qui répètent quelques formules, quelques revendications isolées, des fragments insignifiants de ses larges conceptions socialistes, de sa noble carrière d’agitateur…

Un autre « utopiste », connu de Marx, un « owenist », W. Thompson, dans son ouvrage : Social Science, Inquiry, etc. (1824), développa la plus-value (surplus en anglais) d’une manière saisissante. Après avoir établi que « la richesse est créée par le travail de l’ouvrier » (p. 3-4), il demande : « Pourquoi alors l’ouvrier

  1. S. Webb, History of Trade-Unionism, 1894, p. 314.