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ne possède-t-il pas le produit tout entier sans aucune réduction (p. 32) ? — Parce que, répond-il, sous la forme de « rent », profit, etc., on lui enlève son surplus. » Ensuite il pose la question : « Cette spoliation est-elle acceptée volontairement ou imposée par la force ? — La force brutale, répond-il, a toujours été employée pour arracher aux pauvres le produit de leur travail, toute l’histoire nous démontre cette vérité ; on remplirait d’exemples des milliers de pages… Si on admet cette retenue d’une part du produit du travail (surplus) sans le consentement du producteur… on sera disposé à justifier la retenue de n’importe quelle autre part (p. 34-35). » « Sans l’emploi de la force, le monopole ne pourrait pas exister (p. 106). » « Aussi longtemps qu’existera le capitalisme, la société restera dans son état pathologique (p. 449). » Dans son ouvrage : Travail récompensé (1826), Thompson énumère différentes réformes proposées, et dit qu’elles sont toutes des palliatifs, y compris l’assurance et la pension pour les travailleurs ; même le trade-unionisme n’est pas, selon lui, une solution au problème social. Comme ami et disciple d’Owen, il prêche le communisme autonome.

« Travail libre, jouissance absolue du produit de son travail, et échange volontaire », formule Thompson à la page 253.

Découvrir en 1845 le « surplus », si clairement exposé par Thompson en 1824, n’était pas chose bien difficile, surtout quand on connaissait l’ouvrage de Thompson, que Marx cite dans son Capital. De cette façon, ma foi ! je me charge de découvrir la loi de la gravitation ou la loi périodique de la chimie, ou l’équivalent mécanique de la chaleur. Et après, toujours en imitant Marx et Engels, je réclamerai mes droits à la dictature universelle… Pourvu que Charcot ou |Maudsley ne m’invite à pratiquer ma dictature à Charenton ou à Bedlam !

Pour finir, je dois citer l’opinion de Proudhon, qui est traité par Marx et par ses très scientifiques disciples de sophiste ignorant. Tant pis pour Marx si cet « ignorant » formula lui-même, en 1845, avec sa fran-