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force, la brutalité, la violence, qui triomphaient avec eux.

Où Engels a-t-il trouvé sa doctrine néfaste qui légalise l’oppression et l’esclavage ? Il a dit maintes fois qu’il exprimait les idées de Marx. Mais ce dernier n’a jamais nié le rôle de la force et de la violence, ni dans la vie économique, ni dans la politique.

« … L’unité des grandes nations a été créée par la violence, et de nos jours elle est devenue un facteur puissant de la production sociale. » (Marx, Guerre civile en France en 1870-71)

Qui a raison, Marx admettant, conformément à l’histoire, le rôle de la violence, ou Engels prêchant aux ouvriers qu’ils sont exploités, opprimés, d’après leur bonne volonté d’esclaves ?

Et puis, sur quoi se base-t-il quand il enseigne que, « sans l’esclavage, la Grèce antique n’aurait pu se développer, ni elle, ni son art, ni sa science… » ou que « l’esclavage à cette époque était un grand pas progressif » ? Si l’esclavage fut un facteur progressif dans l’histoire, pourquoi la même Grèce tomba-t-elle dans un état barbare sous la domination turque ? L’esclavage fleurit par là jusqu’au commencement de notre siècle. Comment est-il arrivé que, durant vingt siècles, la même Grèce, le même peuple avec le même esclavage, au lieu de continuer son incomparable civilisation, tomba de plus en plus dans un état sauvage ?

Je ne connais d’exemple pareil dans aucune littérature, sauf parmi les défenseurs de l’esclavage. Les apologistes du despotisme et de l’esclavage disent au moins qu’ils sont les représentants du pouvoir armé et que le peuple, la « canaille », doit leur obéir. Mais voici le chef du socialisme scientifique qui raconte aux ouvriers que leurs pères se soumettaient volontairement aux riches, que la force n’a point été nécessaire pour les amener à se vendre, eux et leurs enfants, et même qu’ils poussèrent la lâcheté jusqu’à volontairement céder aux riches le droit de la première nuit de noces !

Jamais personne n’avait outragé le prolétariat de la sorte. Pour avancer une pareille assertion, il faut