Aller au contenu

Page:Tcherkesoff - Pages d’histoire socialiste, I, 1896.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 60 —

tôt, nous comprîmes que ce qui pouvait nuire au mouvement révolutionnaire russe n’était pas leurs attaques, mais au contraire leur sympathie et leur concours. Ceux d’entre nous, les socialistes russes, qui adoptaient les doctrines social-démocratiques et avaient les sympathies d’Engels, de Liebknecht et Cie, devenaient immédiatement les adversaires de la révolution et combattaient les révolutionnaires. Un de ces Russes, très estimé et protégé par la coterie d’Engels, Outine, se distingua par ses exploits contre les révolutionnaires et finit par implorer le pardon du tsar.

Un autre, protégé des social-démocrates, Plekhanoff, qui continue la « triste besogne » d’Outine, se vanta, dans son rapport au congrès social-démocratique de 1891, à Bruxelles, d’avoir eu, lui et ses amis, « à lutter pendant des années entières contre les différentes fractions des doctrines bakounistes » (page 4).

À proprement parler, le rapport comprend, sous le nom de « bakounistes », les communistes-fédéralistes russes, qui furent les instigateurs du grand mouvement de propagande parmi les ouvriers et chez les paysans (1873-1878), inaugurèrent la lutte héroïque du Comité exécutif, et fondèrent le fameux parti socialiste révolutionnaire « Zemlia i Volia » (Terre et Liberté). Plekhanoff et ses amis, continuateurs d’Outine, combattaient toutes les fractions révolutionnaires.

« Remarquez bien, citoyens, écrit ainsi Plekhanoff, que ce ne sont pas les anarchistes seuls que nous entendons sous le nom de bakounistes. Feu P. Tkatcheff se croyait partisan de Blanqui (il l’était). Il combattait les anarchistes et polémisait avec Bakounine lui-même » (page 5). Il en est de même pour le parti de « la Volonté du Peuple » dirigé par le célèbre « Comité exécutif » (page 5).

Autrement dit, les social-démocrates russes, élèves imitateurs et fidèles d’Engels, de Liebknecht et Cie, combattirent toutes les fractions du parti révolutionnaire russe. Cela est parfaitement vrai ; ils les combattirent ! Et quand ? Alors que la stupidité et la cruauté proverbiales régnaient en Russie, sous le nom d’Alexandre III ; alors que Pobodonostzeff, ce Torquemada