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d’État, doctrine toute neuve à cette époque. Il disait que la question sociale serait résolue par un État démocratique seulement ; que le peuple doit, avant tout, conquérir le pouvoir politique, prendre dans ses propres mains le pouvoir législatif, mais que la lutte politique doit être subordonnée à l’émancipation économique et sociale du peuple. La dernière est le but, la première un simple moyen. Une fois l’État conquis, on doit abolir tout privilège, toute organisation sociale capitaliste, et les remplacer par une organisation d’ateliers nationaux, et par le crédit gratuit aux associations autonomes. Les ateliers constitués, le « crédit aux pauvres » mis en pratique, l’État n’avait pas le droit de s’immiscer dans la vie propre des associations, qui devaient s’organiser sur la base communiste avec la devise : De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. C’est en quelques mots la doctrine de Louis Blanc. On voit que la social-démocratie de nos jours… mais laissons Engels lui-même nous faire connaître ce qu’avec Marx, ils prêchèrent après Louis Blanc.

Quelques mois avant la révolution du 24 février 1848, la Ligue communiste allemande publia le fameux « Manifeste Communiste » rédigé par Marx et Engels. Les moyens pratiques recommandés au peuple étaient formulés comme suit[1] :

1. L’expropriation de la terre et l’emploi de la rente pour les dépenses de l’État.

2. Un lourd impôt progressif sur les revenus.

3. L’abolition du droit d’héritage.

4. La confiscation des biens des émigrés et des révoltés.

5. La concentration du crédit entre les mains du gouvernement par le moyen d’une banque d’État et par un monopole exclusif.

6. La centralisation des moyens de transport dans les mains de l’État.

7. L’augmentation du nombre des fabriques de l’État et des instruments de travail ; la culture et

  1. Je cite d’après-le texte de la première édition de 1848.