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Bonheur Perdu

Je suis bien malheureux !

J’aimais d’un amour tendre une blonde enfant aux yeux bleus comme les couvertures des livres du même nom. Chez elle, j’étais reçu avec bienveillance et civilité tous les mardis, jeudis et dimanches.

Le jour dominical j’y allais deux fois : l’après-midi et le soir.

Son père, un homme des plus graves, et sa mère, une femme supérieure, m’accueillaient comme un fils et j’entretenais dans le coin le plus profond de mon cœur l’espoir de devenir leur beau-fils.

Je faisais mille rêves et des économies en vue de mon prochain mariage. Les jours de fête, je dépensais quelques sous pour ma doulce. Je lui achetais des marguerites que nous épétalions ensemble :

— Elle m’aime, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie, disait toujours la gentille pâquerette.

À l’occasion de l’anniversaire de naissance de ma future belle-mère, je me fen-